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Titre du blog : ♫♫ mixamusik ♫♫
Auteur : mixamusik
Date de création : 15-07-2008
 
posté le 23-09-2014 à 00:22:20

Le sauplier, entre ciel et mer

 
 

 
 
 
Le sauplier, entre ciel et mer 
 
 Le sauplier peuple d'innombrable rêves d'indécis qui ne sont autre que les gens qui ne parviennent pas à faire un choix catégorique entre le ciel et l'eau. Prenant racine dans la terre parce-qu'il n'a pas le choix, le sauplier oscille entre ciel et mer. Il préfère l'eau de mer à l'eau douce. C'est sur une île au fin fond d'un de mes rêves que j'ai découvert cet arbre. J'attends toujours avec impatience l'arrivée des beaux jours pour aller rejoindre la plage au petit matin avant l'arrivée de la foule. C'est un moment privilégié entre la mer huileuse, le ciel traversé par quelques rares nuages aux reflets rouges, le soleil devenant à peine orangé et moi-même. Ce matin-là, j'étais arrivée bien avant le lever de soleil. A ma grande surprise, une barrière longeant la plage me cachait la mer. Plus j'avançais, plus cette barrière prenait de la hauteur. On aurait cru qu'elle se levait avec le soleil. C'est qu'elle s'était bien levée avec le soleil.
 
 Arrivée à deux cents mètres de cette barrière, je commençais à voir des trous qui me laissaient voir la mer. En même temps la barrière, tout en grandissant, semblait bouger. C'était des branches et les trous n'étaient autre que des espaces qui séparaient les troncs d'arbres. C'était en fait un défilé de peupliers. Devant un tel spectacle, je suis tombée à genoux sur le sable me demandant à chaque seconde ce qu'il allait se passer. Quand le ciel commençait à peine à s'éclaircir, les arbres étaient tous déployés. Leurs sommets se balançaient légèrement au gré d'un vent léger comme s'ils voulaient humer le ciel et caresser les nuages qui s'étaient égarés au-dessus de leurs têtes. Quand l'horizon annonçait le lever imminent du soleil, je distinguais de mieux en mieux la mer. Les grands peupliers semblaient s'effriter pour disparaître complètement au moment même où le soleil pointait le bout de son nez, me laissant un champ libre pour accéder à la mer. C'était une eau limpide qui m'avait accueillie ce matin-là comme si les arbres avaient absorbé par leur présence toutes les impuretés et tout ce qui pouvaient me repousser ou me faire peur. Les poissons, eux, étaient bien là pour me saluer comme chaque matin. Après avoir parcouru un aller-retour de la plage à la nage, je quittais la plage tout en me promettant de revenir le soir même après le travail. Ce soir-là je m'étais préparé un pique-nique pour dîner sur la plage dans l'espoir de voir un beau coucher de soleil. La plage étant désertée au fur et à mesure, je retrouvais à nouveau la sensation vécue au petit matin ce même jour, ce moment privilégié entre le ciel, le soleil, la mer et moi. Je dégustais mon pique-nique devant le soleil qui descendait doucement vers le niveau de la mer, un repas que j'avais trouvé particulièrement succulent. L'émotion me parcourait quand le soleil avait touché l'eau à l'horizon pour commencer son plongeon et disparaître complètement.
 
 Indécise, je restais là, immobile, sans savoir ce que j'allais faire alors que l'horizon devenait de plus en plus flou et sombre. C'est à ce moment-là que j'entendais des crépitements, des claquements mêmes. C'étaient les peupliers du matin qui étaient revenus faisant à nouveau barrière devant la mer. Puis leurs silhouettes semblaient se courber doucement jusqu'à ce que les sommets atteignent l'eau pour s'immerger. Subjuguée, je décidais de m'approcher de ces arbres malgré la peur qui me faisait sursauter au moindre bruit. La mer était devenue inaccessible, les arbres s'étaient tous courbés déployant leurs branches dans l'eau. Je voyais alors des petites lueurs blanches dans l'eau, c'était des méduses prises au piège dans les branches des arbres. Je comprenais alors que ces arbres étaient des saupliers, ces arbres entre ciel et mer, protecteurs des individus comme moi, qui aimaient la mer avec toutefois des appréhensions. Ainsi ils protégeaient les hommes de la dangerosité de la mer, la nuit, en leur interdisant l'accès pour leur laisser une eau limpide au petit matin.

 


 Nelly H.H.
Atelier d'écriture du 02/05/2013